Février 2007 à Ratmanoff - La cabane du Guetteur à Ratmanoff - 1 sur 6
Après quelques semaines d'absence de la toile au grand désespoir de ma famille et des amis fidèles au blog, voici quelques éclairages sur LA manip' du mois de février.
Encore merci pour vos messages et méls de commentaires et de soutien. Pris par mes manips' sur le terrain, je ne peux malheureusement pas vous répondre à tous dans l'immédiat.
Petite précision sur la dernière page laissée en janvier (Tour Courbet). Les débris du naufrage photographiés sur le nord de la Péninsule Courbet sont ceux du Rosswell King, un bateau qui a sombré en 1863 en s'abîmant sur les Rochers du Désespoir au large de l'Anse Betsy au nord-est de Kerguelen (Source : DUCHÊNE 1989).
Le mois de février à Kerguelen, c'est synonyme de Manchot royal (Aptenodytes patagonicus) pour les VAT ornitho! C'est la deuxième plus grande espèce au monde de Manchot après l'Empereur que l'on trouve en Antarctique (ce dernier mesure 1,15 m et pèse près de 30 Kg versus 90 cm et 13 Kg pour le Royal). La manip' conduit donc 3 loustiques (les deux nouvelles recrus et mon prédécesseur de la 56e) sur les traces du Cap Ratmanoff. La zone abrite l'une des plus grandes manchotières du monde (la plus grande est dans l'Archipel de Crozet). La colonie s'étend sur plus d'1 Km. Nous en avons dressé les contours au GPS ce qui nous permettra d'en connaître la surface...Suspens pour le moment. Cette information couplée aux photographies que nous avons prises par hélicoptère en décembre dernier permettra de connaître précisément la densité d'oiseaux incubateurs.
Nous investissons donc la cabane du "Guetteur" pour un mois afin d'étudier de plus près ces "Penguins" comme les appellent nos collègues anglo-saxons.
Une "foule" de plusieurs centaines de milliers de Manchots en habits de soirée sont là pour nous accueillir. Ils ont le noeud pap', les boucles d'oreilles, la veste grise et la chemise blanche qui vont bien!
Des fois nous nous demandons qui est l'observateur et qui est l'"observé"!
C'est à se demander dans l'histoire si nous ne sommes pas les "animaux de cirque" de la Manchotière.
De nature très curieuse, le Royal vient nous rendre visite jusque sur le palier de la cabane (vue de la porte de la cuisine-observatoire à travers le carreau)!
Le Royal comme beaucoup d'autres espèces d'oiseaux (au stade adulte) dans les TAAF n'a pas de prédateurs terrestres et est peu habitué à l'Homme, et donc ne le crains pas plus que cela (ce qui répondra aux interrogations de certains d'entre vous). Par ailleurs, toutes ces espèces sont protégées depuis plusieurs dizaines d'années ce qui les épargnent des impacts de manip' cynégétiques (stress notamment modifiant le comportement vis à vis de l'Homme).
Notre animal n'hésite pas à venir chatouiller du bout du bout du bec le chat du coin : "Guetteur"! Ce dernier a été équipé d'un collier VHF par notre collègue VAT "Popchat" pour étudier ses déplacements, en particulier de chasse. Le chat (Felis cattus) est une espèce introduite à Kerguelen qui n'est pas s'en créer quelques soucis, notamment à l'avifaune locale. Le chat a développé des adaptations à la vie insulaire sub-antarctique en interactions avec d'autres espèces introduites (d'ailleurs invasives) et autochtones (ou indigènes selon la terminologie consacrée). C'est encore une autre histoire. L'archipel des Kerguelen - de la taille de la Corse - abriterait entre 7000 et 8000 Felis.