Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kerguelen - Îles subantarctiques
Kerguelen - Îles subantarctiques
  • Moments de vie d'un Mosellan de la 57ème mission scientifique à Kerguelen (CNRS - Chizé), Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) : études écologiques sur les oiseaux (Albatros, Manchots…) et les mammifères marins (Éléphant de mer…).
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Kerguelen - Îles subantarctiques
Archives
11 mars 2007

Février 2007 à Ratmanoff - La quête australe du Royal - 2 sur 6

Notre arrivée à Ratmanoff coincide avec les premières éclosions. L'incubation a débuté il y a environ deux mois pour le plus gros des troupes.
Notre étude consiste en autres à étudier les stratégies de recherches de nourriture dans l'Océan Austral des adultes reproducteurs et le succès reproducteur (et ce d'années en années suivant les fluctuations environnementales). Pour ce faire, nous marquons temporairement des couples afin notamment d'étudier leur gain de masse suite à leur voyage en mer.
Les parents alternent l'incubation de l'unique oeuf puis la garde du poussin jusqu'à ce qu'il soit indépendant thermiquement.Le Manchot ne fait pas de nid. Il dépose son oeuf sur ses pieds et l'insère dans sa poche incubatrice (en bas du ventre), de même pour le poussin.

Incubation alternativement par le mâle et la femelle

Copie_de_L1010199

Garde du poussin alternativement par les deux partenaires

Copie_de_L1010203

De plus, nous équipons des individus de balises Argos (localisation par satellites) et de capteurs spéciaux (à température, lumière, profondeur notamment) pour connaître précisément leurs déplacements dans l'Océan Austral. Certains voyages ont été très longs cette année (parfois 3 semaines) et un individu est même parti vers l'Antarctique!
Globalement les voyages avoisinent un peu plus d'une semaine et les gains de masse peuvent atteindre 30% de la masse initiale! En moyenne, les adultes de Royaux pèsent 13 Kg ce qui rend parfois la manutention des animaux quelque peu sportive.

Les Manchots royaux sont capables de prouesses techniques époustouflantes : ils plongent jusqu'à 323 m de profondeur, sans paliers!, font des apnées de 10 mn (tout en "pédalant" à plein régime), parcourent des centaines (parfois milliers) de Km en mer entre deux relèves. Leur plumage est extrêmement dense et en cela assure notamment l'imperméabilité (en plus de la sécrétion de la glande uropigienne située près du croupion), l'isolation (l'eau aux abords de Ker est à +7°C actuellement*) et l'hydrodynamisme.
*NB : l'espérance de vie d'un homme tombé à la mer dans l'Océan Austral est seulement de quelques minutes. Les Manchots, eux, y passent 80% de leur temps!

Une part non négligeable de leur nourriture se compose de poissons des glaces (des Myctophidés) qui se situent (on ne l'aurait pas deviné) dans les eaux froides de l'Océan Austral.

Manchots en mer

Copie_de_L1010374

De façon pratique, nous mesurons la masse des oiseaux lors de leur départ en mer et nous guettons de longues heures durant leur retour de mer (capture sur la plage avant que l'oiseau relève son partenaire : il faut être vif!). Cette opération de surveillance s'effectue du levée du soleil au coucher du soleil car les oiseaux peuvent revenir n'importe quand! La manip' dure au total 5 semaines. Certains oiseaux ne reculent devant rien et rentrent de nuit au grand damne des ornithos!

Séance de ratissage de Km de plage au jumelles. Pas question de relacher son attention, de retour, l'individu marqué ne doit pas être perdu de vue parmi les milliers d'oiseaux parcourant la plage.

Copie_de_Copie_de_DSCF3291

Départ en mer après pesée et marquage

Copie_de_L1010321

Doté notamment de brassards souples, l'ensemble du marquage est temporaire et totalement bénin pour l'oiseau. Ici, le Manchot mâle n°57, compagnon du n°12 qui vient de prendre la relève du précédent. Le Manchot femelle n°12 est parti 11 jours en mer et a pris 2,1 Kg. Le n°57 est revenu de mer au bout de 5 jours et a pris 2,8 Kg.

Retour de mer

Copie_de_L1010407

Une "barrique"* de retour de mer

Copie_de_L1010404

*appelation ratmanofienne

Étonnament après de si longs voyages en mer et avec une si lourde surcharge pondérale, les Manchots ont une "pêche" phénoménale! D'accord certains peinent un peu à avancer à terre  mais ils ont une motivation déconcertante pour retrouver partenaire et poussin. Les ornithos en témoignent!

Comment retrouver son partenaire parmi plusieurs centaines de milliers de congénères?

Copie_de_L1010452

Et bien le Manchot chante à gorge déployée en bordure de colonie : il "trompette". Le chant du mâle est lent et relativement grave, celui de la femelle est rapide et aigu (suivant les individus, les nuances ne sont pas toujours faciles à percevoir). Il écoute ensuite s'il obtient une réponse dans la colonie. Ainsi, il trouve son azimuth pour savoir où rentrer dans la masse. Après quelques coups de bec des voisins qui l'accueillent chaleureusement,il retrouve sa dulcinée ou son dulciné. Ensuite, la relève a lieu  : l'oeuf ou le poussin passe des pieds et de la poche de l'un à l'autre. Cela peut durer 5 mn comme une journée... Nous guettons particulièrement ce moment pour capturer en sortie de colonie le partenaire partant en mer pour le marquer et le peser.

Mâle chanteur en bordure de colonie

Copie_de_L1010153

Il cherche sa compagne!

Et voici à quoi ressembleront les poussins en février 2008, ils auront leur plumage juvénile :

Copie_de_L1010213

Ces oiseaux en pyjama brun ont éclos en janvier-février 2006. Dans quelques semaines, ils auront leur plumage d'immatures, c'est à dire un plumage proche des adultes mais pas si coloré. Les joues sont par exemple jaune citron au lieu d'être orange vif. Le cycle de reproduction avoisine les 16 mois chez le Royal.

Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 41 662
Publicité